Un succès pour ce premier colloque dans les Laurentides
Depuis son retour en politique à titre de ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais dit qu’elle a les « aînés tatoués sur le cœur », les proches aidants, aussi. Animée d’un désir de donner la parole aux proches aidants et de mieux faire connaître les ressources existantes, elle a eu l’idée de ce colloque et a proposé à deux responsables d’organismes laurentiens, reconnues pour leur dynamisme, d’organiser cet événement tout en y contribuant financièrement. Le colloque s’est tenu sous un chapiteau installé sur le site du cimetière naturel Les Sentiers, à Prévost, le 26 mai dernier, sous l’égide de Julie Gravel, directrice générale de L’Antr’Aidant, de Guylaine Charlot, directrice générale de la Maison Aloïs, deux femmes passionnées et engagées, et de la chargée de projet Amélie Girard (Carrefour de gériatrie sociale des Laurentides), en présence de nombreux élus municipaux et provinciaux, des intervenants de divers organismes ainsi que de Chantal Lepage, l’attachée politique de Marguerite Blais.
Pour animer les différents sujets, les organisateurs ont eu la bonne idée de proposer un volet artistique avec différents artistes pour illustrer les divers thèmes du colloque. Une dizaine de panélistes ont aussi pris la parole devant une centaine de participants issus de la grande région des Laurentides, de Mont-Laurier jusqu’à Mirabel, en passant par Saint-Jérôme.
Un thème rassembleur
En choisissant le titre « Au temps des bernaches », les organisatrices voulaient illustrer l’entraide qui caractérise ces oiseaux migrateurs. Chacun, à tour de rôle, relève le chef de file qui guide tous les autres. On comprend la métaphore voulant qu’il ne faut pas faire porter, à une seule personne la lourde responsabilité de s’occuper d’un être en difficulté. Le ton était lancé en ce printemps, saison du renouveau.
La proche aidance nous concerne tous
On en parle, on réfléchit, on se lamente et on espère de meilleures conditions pour tous ces gens qui se dévouent et qui offrent leur aide à ceux qui en ont besoin. Parfois, cela ne semble pas nous concerner et pourtant, aujourd’hui, on estime qu’une personne sur quatre au Québec, soit 25 % de la population, agirait comme proche aidant, parfois à son insu.
Ces sujets sont d’actualité et nous préoccupent depuis à peine quelques années. En 2020, la loi 56 prévoyait bien l’octroi de quelques jours de congé occasionnels. Et, en octobre 2021, Marguerite Blais déposait son Programme Action Aînés du Québec (PAAQ). L’heure était venue de concrétiser les actions.
Marguerite Blais elle-même a été proche aidante de son mari. Aux premières loges de la scène qui lui présentait tous les défis auxquels elle devait faire face, elle a même décidé d’écrire un livre à ce sujet dans lequel une vingtaine d’intervenants de divers organismes dévoilent leur quotidien et les services disponibles qui sont, malheureusement, souvent méconnus du grand public.
Des passionnées engagées
C’est en discutant avec la chargée de projet, les directrices des deux organismes hôtes et Suzie Prénovost, l’animatrice de la journée, et quelques panélistes que j’ai pu comprendre à quel point il existait une authentique volonté de faire avancer les choses et que le résultat concret du colloque, serait bien sûr de colliger tous les témoignages, les réflexions et les suggestions dans des actes du colloque, mais surtout de créer des liens entre les organismes et les proches aidants sur une base régulière. Leur donner une voix. Briser leur isolement. Mieux faire connaître les outils et les services et en créer d’autres afin d’adoucir leur quotidien. Bref, instaurer un véritable réseau d’entraide connu du grand public pour sensibiliser toutes les sphères de la communauté à l’importance de reconnaître et d’alléger les responsabilités des proches aidants grâce à une plus grande implication de la collectivité.
Des experts autodidactes
Quand on pense proche aidance, on imagine souvent une personne en aidant une autre en fin de vie, mais la proche aidance concerne aussi les personnes s’occupant d’enfants handicapés, d’autistes, de gens atteints de maladies dégénératives, d’accidentés, bref, tout un spectre de cas qui nécessitent des soins particuliers pour une durée plus ou moins longue. Du jour au lendemain, on demande aux proches aidants d’endosser plusieurs rôles auxquels ils ne sont pas préparés, allant du soignant au pharmacien, du préposé aux bénéficiaires au conseiller financier et fiscaliste, d’expert de la maladie, de spécialiste du transport, et ce, tout en conservant leur rôle premier, soit celui d’époux, de conjointe, de parent, etc. Car quand on aime, on prend soin de l’autre sans nécessairement se rendre compte à quel point cette implication, parfois à temps plein, gruge l’énergie et la vie de ces généreuses personnes qui, souvent, selon les organisatrices, s’appauvrissent en moyenne de 12 000 $ par an, sans compter les effets dévastateurs qu’engendre une hyper vigilance qui cause de l’épuisement, du stress et de l’anxiété, non seulement durant leur engagement bénévole, mais aussi après, une fois que l’aidé se rétablit ou qu’il décède.
Une valse à trois temps
Trois thèmes évoquaient les différents aspects de la proche aidance, à l’instar des bernaches : la préparation au voyage, le grand voyage, le rassemblement.
De nombreuses questions se bousculaient. Qu’est-ce qu’un proche aidant? Peut-on se préparer à cette tâche? Comment démystifier certains handicaps? Comment redonner la dignité à une personne vulnérable? Comment proposer de meilleurs services aux proches aidants? Surtout, comment sensibiliser le grand public à la cause et faire connaître les ressources existantes?
Bref, on comprend que les préoccupations sont nombreuses. Il aurait fallu plusieurs journées pour les couvrir, mais il n’en demeure pas moins que la concertation était bien amorcée et que l’animatrice, Suzie Prénovost, a su, grâce à son écoute active et empathique, orienter les discussions afin de donner la parole à chacun des panélistes dont la feuille de route était plutôt impressionnante et les témoignages, très pertinents. Il s’agit notamment des personnes suivantes : Dr Joël Monzée (Institut du développement de l’enfant et de la famille), Carole Tavernier (membre élue de l’Observatoire québécois de la proche aidance et impliquée activement dans une foule d’organismes), Mélanie Perroux (directrice de Proche aidance Québec), Jean-Paul Déom (FADOQ), Julie Lajeunesse (Maison Clothilde), Mélissa Morris (conseillère en santé mentale) et Réal Junior Dagenais (proche aidant âgé de 15 ans).
Vers une prise de conscience collective
De tout temps, les êtres humains ont été confrontés à des personnes vivant en situation de vulnérabilité et requérant des soins particuliers. Autrefois, on les appelait les âmes charitables, les bâtons de vieillesse. Ils sont devenus des « aidants naturels » et aujourd’hui, des « proches aidants ». Il est temps de reconnaître ce statut, de donner des droits à ces personnes. Une prise de conscience collective s’impose en vue de comprendre qu’un jour ou l’autre, nous serons tous amenés à jouer ce rôle et qu’il est urgent d’apprendre à prendre soin de l’autre et de soi aussi.
« Pourrions-nous rêver ensemble d’un modèle de société plus équitable et bienveillant, où les responsabilités et la prise en charge sont davantage partagées? », comme se le demande l’animateur Marc-André Caron. C’est en tout cas le vœu pieux visé par l’objectif de ce premier colloque qui, espérons-le, fera naître d’autres initiatives destinées à adoucir les épreuves de la vie des plus vulnérables et, surtout, de ceux qui les aident.
Partenaires de l’événement
- Marguerite Blais, instigatrice et partenaire financier
- Centraide Laurentides – partenaire financier
- L’équipe des Sentiers
- Économie sociale Laurentides
- Youri Chassin, député de Saint-Jérôme, adjoint parlementaire du ministre de l’Économie et de l’lnnovation
- Agnès Grondin, députée d’Argenteuil
- Nadine Girault, députée de Bertrand, ministre des Relations internationales et de la Francophonie, ministre responsable de la région des Laurentides
- Éric Girard, député de Groulx, ministre des Finances
- Lucie Lecours, députée de Les Plaines, ministre déléguée à l’Économie
- Rhéal Fortin, député de Rivière-du-Nord
- Sylvie D’amours, députée de Mirabel
- Marie-Hélène Gaudreau, députée de Laurentides-Labelle