La décriminalisation du cannabis a augmenté l’intérêt de plusieurs pour sa consommation. Certains y voient même des bienfaits thérapeutiques, surtout dans une tranche plus âgée de la population. Mais qu’en est-il vraiment?
Depuis le début des années 2000, l’utilisation légale du cannabis à des fins médicinales est possible. Puis, en 2018, cette substance a été officiellement légalisée. Aujourd’hui, plusieurs en consomment sous diverses formes, et ce, de manière récréative ou pour traiter différents maux. Et les personnes de 50 ans et plus n’y font pas exception!
Selon l’enquête québécoise sur le cannabis (EQC) effectuée en 2022, les utilisateurs et utilisatrices de 55 ans et plus représentaient environ 9 % de l’ensemble des consommateurs. À titre comparatif, en 2018, les gens de cette tranche d’âge équivalaient à 4,5 % des utilisateurs et utilisatrices. En ce qui a trait à la raison de consommer, il semble que « la plupart des adultes âgés font usage de cannabis à des fins thérapeutiques » d’après des données recueillies et publiées par l’organisme Vieillir activement Canada.
Une solution de rechange prometteuse
Il faut dire que des études ont commencé à démontrer les bienfaits de la consommation de marijuana médicinale dans certains problèmes de santé précis. Entre autres, des recherches, telles que celles ayant mené à la publication de Cannabis and Cannabinoids for Chronic Pain ou Use of cannabidiol (CBD) for the treatment of chronic pain, ont indiqué que le cannabis et les cannabinoïdes pouvaient aider à réduire la douleur chronique. L’intérêt pour ces traitements de rechange a d’ailleurs crû chez nos voisins américains ces dernières années, en raison de la crise des opioïdes qui a sévi dans leur pays.
Mais, le cannabis ne serait pas efficace que pour la douleur. Certaines études suggèrent aussi que son usage pourrait aider à contrer l’insomnie et d’autres troubles du sommeil, comme l’indiquent notamment les auteurs et chercheurs de l’article scientifique Cannabis use in patients with insomnia and sleep disorders : Retrospective chart review. Par ailleurs, selon l’organisme Vieillir activement Canada, « le cannabidiol pourrait être prometteur pour les problèmes de sommeil paradoxal ou d’hypersomnolence diurne. Le cannabis synthétique (Cesamet ou nabilone) peut améliorer le sommeil des personnes souffrant de douleur chronique. Il peut également réduire les cauchemars des personnes souffrant du trouble de stress post-traumatique (TSPT) ».
D’autres recherches ont aussi démontré l’efficacité du cannabis médical, notamment en ce qui a trait aux troubles épileptiques et à certains problèmes liés à la sclérose en plaques. Par ailleurs, il a été rapporté dans l’article Cannabidiol : A Potential New Alternative for the Treatment of Anxiety, Depression, and Psychotic Disorders que « des essais cliniques préliminaires confirment également l’efficacité du CBD en tant qu’anxiolytique, antipsychotique et antidépresseur et, plus important encore, un profil bénéfice-risque positif ».
L’envers de la médaille…
Si l’utilisation du cannabis comporte de nombreux bienfaits, son usage n’est toutefois pas une panacée. En premier lieu, la marijuana peut interagir avec certains médicaments. Notamment, il a été rapporté que les personnes prenant des anticoagulants et qui consomment du cannabis couraient un plus grand risque d’hémorragie.
En deuxième lieu, l’emploi de produits à haute teneur en THC/CBD a aussi été associé à un risque accru d’étourdissements et de sédation. De plus, selon l’organisme Vieillir activement Canada « le THC interagirait avec les récepteurs dans l’organisme qui agissent sur la coordination, l’équilibre et la perception de la profondeur », ce qui accroîtrait les risques de chute.
Également, certains problèmes de santé chez les personnes âgées rendraient plus risquée la consommation de cannabis, tels qu’une tension artérielle instable, des problèmes cardiaques, des antécédents de maladie mentale, etc. Pour beaucoup d’aînés souffrant parfois de comorbidités, soit la présence de deux ou plusieurs troubles ou maladies, il est essentiel d’évaluer méticuleusement le ratio avantages et risques. De plus, les effets (positifs) dépendent souvent de la dose, de la souche, de la forme, de la durée d’administration et de la manière d’administrer ou de consommer le cannabis.
C’est pourquoi de nombreuses recherches sur le cannabis médicinal, ainsi que divers organismes recommandent de consulter son médecin et son pharmacien avant de commencer l’utilisation de la marijuana. Un suivi régulier est aussi conseillé. « Cela vous aidera à sélectionner les bons produits, à augmenter votre dose au besoin et à surveiller les effets secondaires possibles », comme le résume Société Arthrite Canada.