Mal invisible et non mesurable, mais désormais reconnu comme une maladie à part entière par l’Organisation mondiale de la santé, la douleur chronique touche près de huit millions de Canadiens. Le point sur ce mal aux multiples formes.

Qu’est-ce que la douleur chronique?

En temps normal, une douleur disparaît à mesure qu’on se rétablit. La douleur chronique, elle, perdure au moins trois mois ou réapparaît trois fois ou plus dans ce même laps de temps. Qu’elle soit persistante (douleur continue) ou récurrente (épisodes fréquents), elle risque d’affecter le bien-être physique et mental ainsi que les différentes sphères de la vie des personnes qui en souffrent.

L’isolement et la stigmatisation de ceux qui en sont atteints constituent une autre triste conséquence de la douleur chronique. Plus on souffre, moins on socialise, ce que l’entourage ne comprend pas toujours, car il est difficile de se faire une idée de la douleur des autres et de ce qu’elle change dans leur vie. Ces changements – physiques et psychologiques – poussent parfois une personne à se mettre en retrait, alors qu’elle aurait plus que jamais besoin d’interaction humaine.

Quelles sont les causes?

Plusieurs facteurs peuvent accroître le risque de souffrir de douleur chronique, notamment l’âge, le sexe (elle touche davantage les femmes), les handicaps physiques, les troubles mentaux et certaines maladies, comme les différentes formes d’arthrite, la fibromyalgie, le syndrome du côlon irritable, l’endométriose ou la maladie de Crohn. Le stress, souvent lié à des pensées négatives et des tensions musculaires, ainsi que la fatigue et certaines mauvaises habitudes, comme une alimentation déséquilibrée, un mode de vie sédentaire ou encore le non-respect de ses limites sont également susceptibles de l’accentuer.

Comment la traiter?

Parce que son traitement est plus complexe que celui de la douleur dite « ordinaire », et qu’elle est intimement liée à des facteurs non seulement physiques, mais aussi psychologiques et sociaux, la douleur chronique requiert souvent une approche multidisciplinaire, qui combine par exemple la prise de médicaments avec des soins de physiothérapie ou de psychothérapie.

Solution la plus fréquemment employée, la médication agit en bloquant les signaux transmis au cerveau, réduisant ainsi la sensation de douleur. Cependant, elle ne suffit pas toujours et, parfois, ne fonctionne pas. Il importe dans ce cas de consulter son médecin ou pharmacien, car un excès médicamenteux peut engendrer des conséquences graves sur la santé. Les personnes chez qui ces analgésiques se révèlent peu efficaces pourraient se voir prescrire des infiltrations. Il s’agit d’injections locales de cortisone ou d’un anesthésique destinées à soulager la douleur à court ou moyen terme.

La physiothérapie et la psychothérapie s’avèrent souvent utiles dans le traitement de la douleur chronique. Les thérapies physiques permettent, au moyen d’exercices ciblés, de reprendre un certain contrôle de son corps. Quant à la psychothérapie, elle se concentre sur le cycle de la douleur, un cercle vicieux physique (tensions musculaires, fatigue, douleur) et émotionnel (colère, frustration, stress, anxiété, peur, dépression) duquel on peut avoir du mal à se sortir sans aide.

Parallèlement à ces traitements, on pourrait choisir de recourir à des médecines douces éprouvées. Par exemple l’acupuncture qui, selon plusieurs études, a donné des résultats significatifs dans le soulagement, entre autres, des migraines et des douleurs lombaires chroniques. L’hypnothérapie pourrait aussi s’avérer efficace, car elle vise, par des suggestions positives, à amener le sujet à lâcher prise et à réduire son anxiété, ce qui peut produire un effet analgésique. Bien sûr, avant de se lancer dans ce type d’avenue, il importe de s’informer auprès d’un professionnel de la santé afin d’être dirigé vers des ressources fiables.

Enfin, malgré la gêne qu’on peut éprouver à cette perspective, il ne faut pas négliger de parler de sa situation à ses proches. On oublie trop souvent l’importance du soutien qu’ils peuvent nous apporter.

Comment gérer la douleur chronique pour mieux l’accepter?

Vivre avec la douleur peut devenir usant si elle en vient à occuper une trop grande place dans le quotidien. Voilà pourquoi, en plus du traitement, on recommande de s’adonner à des activités qui permettent au corps de relaxer.

Parmi elles figure l’exercice physique, grâce auquel le cerveau produit de l’endorphine, une hormone génératrice de détente et de plaisir qui procurerait un soulagement similaire à celui de la morphine. En outre, bouger préserve le tonus musculaire, ce qui réduit le risque de douleur. Ne reste qu’à trouver une activité intéressante qui n’exacerbe pas celle-ci, par exemple la gymnastique aquatique, la marche ou le yoga.

La relaxation, la méditation et la pleine conscience sont d’autres avenues intéressantes pour diminuer le stress. Elles contribuent à détendre le corps et à éloigner la pensée de la douleur ou amènent à l’accepter. Pratiquer des loisirs agréables aide également à libérer l’esprit des idées négatives, qu’il s’agisse par exemple d’écouter de la musique, de peindre ou de cajoler un animal de compagnie.

Limiter la fatigue en modifiant certaines habitudes se révèle aussi bénéfique. Bien s’alimenter, s’accorder des pauses régulières, changer souvent de position, éviter les mouvements qui tendent à causer de la douleur et veiller à bien dormir constituent quelques pistes pour y parvenir.

Il n’existe pas de solution miracle à la douleur chronique. Cependant, bien s’entourer, suivre un traitement adapté à ses besoins, se doter de bons outils et se permettre de s’adonner à des loisirs agréables tout en respectant ses limites, cela peut faire toute la différence. On s’équipe ainsi pour apprendre à vivre autrement plutôt que de s’empêcher de vivre.

Ressources

Association québécoise de la douleur chronique

Clinique de la douleur du CHUM

Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec

Ordre des psychologues du Québec