Grâce aux fabuleuses archives du Musée McCord, à Montréal, on peut replonger dans le Québec du début des années 1900. À quoi ressemblait la vie en 1910 ou 1920? Nous avons choisi 12 images de la riche collection du musée afin de vous faire faire un voyage dans le temps.

Crédit photos: Archives photographiques Notman – Musée McCord.

Sons et images du passé

MP-1982.69.5 / Salle des matrices, Berliner Gramophone Company, Montréal, QC, 1910

Au tournant du 20e siècle, une invention majeure commence à intégrer les chaumières : le gramophone. Première compagnie de disques au Canada, la Berliner Gramophone Company a été fondée à Montréal par Emile Berliner et possède, dès 1899, une usine de fabrication de phonographes. Cette petite révolution sonore permettra aux industries du disque et de la chanson de prendre leur envol.

MP-0000.587.145 / Théâtres Regal et Palace, rue Sainte-Catherine, Montréal, QC, vers 1927

Trente ans plus tard environ, le cinéma parlant arrive sur les écrans québécois. Le Théâtre Palace, ouvert au début des années 20 sur la rue Sainte-Catherine, a été le premier cinéma avec haut-parleurs au Canada, équipé pour les talkies (films parlants). Regardez attentivement la photo : on peut voir à l’affiche Street Angel avec Janet Gaynor (1928), un film muet avec trame sonore Movietone. Cette technologie permettait de synchroniser le son et l’image. Cela coïncide aussi avec l’arrivée de la radio dans les maisons québécoises, dans la décennie des Années folles. Les familles peuvent alors écouter de la musique, s’informer avec des bulletins et découvrir le jazz!

La lente émancipation des femmes

M2004.94.32.37 / Marjorie, May et Ivy près d’une voiture, Weir, QC, 1928, Robert E.

Parlant des années 20, c’est aussi l’époque des coupes à la garçonne! Après la Première Guerre mondiale, Montréal n’échappe pas à l’effervescence des Années folles. La mode des cheveux à la garçonne, popularisée par les vedettes du cinéma comme Louise Brooks, se répand aussi un peu partout dans la province. C’est le symbole des jeunes femmes plus libres, qui fréquentent les universités, travaillent et gagnent en (relative) indépendance.

À ce moment-là, les collèges et universités anglophones sont plus ouverts à la scolarisation avancée des femmes. Par exemple, le Collège Royal Victoria, associé à l’Université McGill, est dédié à l’enseignement supérieur pour femmes et son nom est un hommage à la reine Victoria. De leur côté, les hommes ont accès à des formations de plus en plus poussées et variées lorsqu’en 1907, le premier ministre du Québec, Lomer Gouin, annonce la création d’écoles techniques afin de former des travailleurs plus qualifiés pour les industries.

MP-0000.587.69 / Vitrine de tissus de soie de Hamilton, rue Sainte-Catherine Ouest, Montréal, QC, vers 1920

Les grands magasins sont aussi un lieu important pour les jeunes femmes, alors qu’elles peuvent y magasiner ou même y trouver un emploi. C’est avec la révolution industrielle, au milieu du 19e siècle, que les grandes surfaces et la vente par catalogue se multiplient au Québec, en concurrence directe avec les petites boutiques indépendantes. Les grandes bannières comme Paquet, Dupuis Frères ou Eaton, transforment à la fois le commerce de détail et la vie des femmes.

L’entrée des femmes sur le marché du travail est aussi marquée par le dur labeur en usine, alors qu’au début des années 1900, les femmes et les enfants ne représentent pas moins de la moitié des travailleurs du textile au Québec, notamment en raison de leurs petites mains. Elles vont aussi participer à l’effort de guerre, mais une fois les hommes de retour du front, les femmes devront se réorienter, notamment dans les boutiques ou comme secrétaires, un métier d’abord masculin, mais qui tend à se féminiser de plus en plus dans les années 20 et 30. C’est assurément un meilleur emploi avec des conditions beaucoup plus agréables que celles retrouvées dans les usines et les magasins, mais il nécessite cependant un plus grand niveau d’instruction.

La Première Guerre mondiale

VIEW-16832 / Exposition de recrutement, Art Gallery, Montréal, QC, 1916-1917

Avant la conscription, qui est promulguée le 28 août 1917, le gouvernement canadien compte sur le patriotisme des jeunes hommes pour aller à la guerre. Les anglophones, plus attachés au concept de Dominion, semblent plus prompts à s’enrôler que les Canadiens français. Il y a alors des expositions visant à recruter des soldats, misant sur le patriotisme et le concept de fraternité.

MP-1978.207.1.40 / Banque Dominion, angle des rues Bleury et Sainte-Catherine, Montréal, QC, vers 1915

Pendant la « Der des Ders », le télégraphe joue un rôle clé pour donner et recevoir des nouvelles du front. Les messages reçus sont transmis à travers la ville par des messagers, de jeunes hommes reconnus pour leur forme athlétique et leur diligence. Présent au Québec depuis la fin des années 1840, le télégraphe sera utilisé pendant plus de 100 ans, même après la Deuxième Guerre mondiale et l’arrivée du téléphone, soit jusqu’en 1957. Il faut savoir que dans les décennies 1910-1920, le téléphone est encore un service de luxe, destiné à l’élite urbaine et aux gens d’affaires. De plus, la guerre ralentit l’implantation du téléphone en raison du manque de moyens financiers et d’équipement.

L’avènement de l’automobile

MP-0000.587.56 / Exposition d’automobiles, Montréal, QC, vers 1914

De son côté, l’automobile a le vent dans les voiles! En 1915 par exemple se côtoient sur la rue Sherbrooke, à Montréal, les voitures tirées par des chevaux et les automobiles. Environ 10 000 véhicules motorisés sont enregistrés cette année-là, alors qu’à peine 13 ans auparavant, la province ne comptait qu’une dizaine d’automobiles. C’est pourquoi à la même époque, le gouvernement québécois crée un ministère de la Voirie et consacre une part importante de son budget à des travaux de cette nature. Son but au tournant de la guerre : améliorer le système routier afin d’amener les touristes américains au Québec!

La métropole en plein développement

VIEW-23307 / Nouveau triplex, Montréal, QC, 1925

Montréal attire de plus en plus les familles de la campagne à la recherche de meilleures conditions de vie et de travail. Alors que la population ne cesse de croître, l’espace vient à manquer. On commence alors à construire des plex (duplex, triplex, quadruplex) pour loger plusieurs locataires sur plus d’un étage, pas toujours dans des conditions salubres. Principalement destinés aux ouvriers, ces immeubles marquent encore aujourd’hui le paysage architectural de Montréal.

À propos du musée

Situé à Montréal, le Musée McCord possède, entre autres, une impressionnante collection photographique de plus de 1 300 000 documents, des années 1840 à nos jours. Cette collection, dont font partie les Archives photographiques Notman, lève le voile sur la vie populaire à Montréal et ailleurs au Québec.